Sommaire
L’histologie de la peau met en évidence un de ses rôles physiologiques les plus importants : s’opposer à l’introduction de substances étrangères dans l’organisme.
Pour une meilleure compréhension de l’exposé qui va suivre, ouvrons une parenthèse sur un phénomène cutané, d’ordre physico-chimique, connu sous le nom de « barrière électro-physiologique » de Rein.
Rein et Blank ont montré que la région acide de l’épiderme est limitée en profondeur par 3 ou 4 assises des cellules qui comprennent :
- la couche granuleuse
- la couche brillante
Cette zone est fortement acide de son côté extrême, c’est-à-dire vers l’extérieur et moins acides ou alcaline sur la face interne, c’est-à-dire vers les couches profondes.
Elle montre donc une différence de pH et, par conséquent, de potentiel électrique.
C’est à cette « barrière » qu’il faut attribuer l’imperméabilité de la peau à l’eau et aux substances liquide en général.
La peau, plus qu’un « manteau jeté à la surface du corps » est une véritable cuirasse dont le défaut est représenté par l’appareil pilo-sébacé.
Son orifice externe et le canal excréteur représentent, en fait, la voie de pénétration de la surface épidermique vers l’hypoderme.
Ce chemin, vous pouvez vous rendre compte, est se semé d’obstacles :
- déchets cellulaires provenant du processus de la kératinisation
- barrière électrophysiologique de Rein
- graisses cutanées et sébum
Alors la plupart des substances ne pourront pas transiter si nous n’avons pas recours à des procédés et des moyens conçus pour les surmonter.
La première des tâches incombe aux cosmétologues qui se doivent de mettre dans les mains du praticien des préparations possédant les qualités requises pour transiter.
Parmi celles-ci le pouvoir de dissoudre les graisses représente leur « titre de transport » sans lequel ces préparations ne pourraient pas entreprendre le voyage trans-épidermique.
Au niveau de la papille du poil, écrit le Prof. Valette, l’invagination épidermique s’amincit et se réduit près de la base des follicules à une seule assise de cellules non kératinisées correspondant à la couche basale germinative. Au fond de l’étroite rigole qui entoure la tige du poil, cette couche n’est séparée à l’air ambiant que par le produit de sécrétion d’une glande sébacée débouchant à ce niveau et par des produits de désquamation.
Il en résultera que toute substance qui arrive à vaincre l’obstacle constitué par le sébum, sécrétion grasse différente de la graisse épidermique et peu riche en cholestérol, aura des grandes chances d’être absorbée.
On comprend ainsi que la liposolubilité soit une condition essentielle à la pénétration des substances à travers la peau.
Le cosmétologue a fait face au problème de la solubilité et, au moyen d’excipients émulsionnés, des mouillants et des substances actives assimilables, permet aux produits de beauté de surmonter les obstacles et de parvenir jusqu’à la couche germinative.
La preuve absolue et irréfutable de la pénétration nous est fournie par le plus moderne des contrôles, celui des traceurs radio-actifs, au moyen des « molécules marquées ».
Mais est-il suffisant d’étaler purement et simplement sur la peau une de ces préparations cosmétiques, même si elles sont irréprochables, pour en assurer la pénétration ?
Cela équivaudrait à penser qu’il suffit de placer un wagon sur les rails pour qu’il arrive à la gare de destination. Or, nous n’en sommes pas encore là.
Il faut ouvrir la voie à la pénétration du produit et en favoriser le transit.
C’est un travail qui incombe à l’esthéticienne et c’est ce travail qu’elle sera redevable de la majeure partie de ses bons résultats.
Selon le prof. Valette : « Il faut remarquer , que les conditions d’application et les actes mécaniques, tels les frictions et les massages influent fortement sur cette pénétration, notamment lorsque le produit possède une certaine viscosité, en comprimant les follicules et en les vidant, au moins partiellement, du sébum qu’ils renferment ».
Parcourons le follicule pilo-sébacé de l’ostium au bulbe du poil et examinons d’un peu plus près ses différentes parties, comme le coureur cycliste qui va « reconnaître » la route le long de laquelle il disputera l’épreuve.
Le follicule pilo-sébacé est, en effet, ce chemin que devront suivre les produits de beauté destinés à la couche germinative de l’épiderme.
De l’ostium au collet de l’entonnoir où s’abouche la glande sébacés
La paroi du follicule, c’est-à-dire sa gaîne épithéliale, n’est que le prolongement de l’épiderme qui se déprime en entonnoir.
Elle conserve la même structure :
- un corps muqueux
- une couche granuleuse
- une couche cornée où glisse le poil lubrifié par la sécrétion sébacée
Ostium et entonnoir folliculaire sont encombrés, donc, par les déchets des substances kératiniques mélangées au sébum.
En outre, le pourtour interne de l’ostium et l’entonnoir sont le siège de colonies microbiennes qui trouvent ici un réceptacle idéal pour se nourrir et s’abriter.
Au dessous du collet et de la glande sébacée, dans la région moyenne du follicule
Le follicule, qui prend à ce moment la forme d’un canal tubulé, cesse d’être le prolongement de l’épiderme et présente une double paroi ; deux gaînes épithéliales :
- externe
- interne
La gaîne épithéliale interne, composée de 3 rangées de cellules, dont la plus interne s’engraine dans les cellules de l’épidermicule du poil, c’est-à-dire dans la première couche cellulaire du poil, fixe celui-ci dans le follicule ; si bien que lorsque nous l’arrachons, nous entraînons aussi cette gaîne épithéliale.
On pourrait imaginer qu’elle gêne la croissance du poil : il n’en est pas question car elle pousse en même temps que lui jusqu’à l’embouchure de la glande sébacée où elle se désagrège.
Dans la région du bulbe pileux
La gaîne épithéliale interne enveloppe le bulbe du poil et la papille « mère » du poil, dont le système nerveux et vasculaire sont particulièrement développés.
Signalons que d’après certains physiologistes, dont le Dr Foan, de Milan, les follicules pilo-sébacés contiendraient, au niveau de leur collet, des minuscules bulles d’air qui gêneraient la pénétration des substances à absorber par la peau et formeraient un barrage contre elle.
Au « manteau acide » de l’épiderme viendrait, donc, s’ajouter « un manteau gazeux ».
Signalons, que la peau remplit encore d’autres fonctions qu’il nous suffira simplement de vous indiquer car elles sont très complexes et encore imparfaitement expliquées, en grande partie :
- elle intervient dans le métabolisme de l’eau
- elle est réceptrice et productrice d’électricité