Sommaire
De la naissance à la mort la peau est le siège de différentes modifications.
Les unes sont prévisibles, les autres imprévisibles puisqu’elles dépendent d’une multitude de facteurs internes et externes.
Parcourons rapidement les principales étapes de la « vie cutanée » pour examiner avec une plus grande attention les modifications qui se manifestent au cours du vieillissement.
La peau pendant la vie intra-uterine
- la peau de l’embryon âgé de 1 mois n’a qu’une couche de cellule
- dès le second mois elle a deux couches et au quatrième, 7 à 8
- le derme commence à se former au second mois
- à partir du quatrième mois apparaissent les glandes sudoripares
- les glandes sébacées commencent à se charger de gouttelettes de graisse au sixiàme mois
- les poils sortent à la fin du sixième mois
- au septième mois la peau de l’enfant possède les mêmes caractéristiques histologiques que la peau normale de l’adulte
La peau à la naissance
A la naissance la peau de l’enfant est souvent recouverte d’un enduit gras, blanchâtre, appelé « vernis caséeux » ; c’est un mélange de graisse et de débris cellulaires puisque, même pendant la vie intra-utérine, la peau desquame.
Ces déchets ne peuvent s’éliminer dans le monde extérieur et restent collés à l’épiderme.
Le pigment cutané, la mélanine, apparaît seulement au cours de la première année, chez les enfants de race noire.
l’enfant issu de parents noirs naît, en effet, avec la peau rougeâtre et ne devient noir que le quatrième ou cinquième jour.
La peau jusqu’à la puberté
Il est superflu de décrire la peau des petits enfants qui, par la finesse, son teint, son velouté et sa parfaite hydratation, a été prise comme prototype de la « peau idéale ».
Signalons que, d’une manière générale, les glandes sudoripares de la région palmaire et plantaire sécrètent abondamment jusqu’à la puberté.
A partir de ce moment leur sécrétion se ralentit, pendant que la transpiration des aisselles, faible jusque là, augmente.
Les glandes apocrines subissent, en effet, l’influence de la sécrétion hormonale.
Chez l’enfant, la sécrétion sébacée ne commence pratiquement qu’à l’âge de 5, 6 ans et demeure discrète jusqu’à 12, 14 ans, environ.
A ce moment « on constate une forte augmentation du film séborrhéique, augmentation qui semble se manifester plus tôt chez les jeunes filles que chez les jeunes garçon » et différentes modifications que nous avons décrites dans le précédent paragraphe.
La peau adulte
L’aspect de la peau, ses sécrétions, sa pigmentation, son hydratation, peuvent se modifier pendant l’âge adulte sous l’influence d’un nombre considérable de facteurs internes et externes :
- état de santé
- sécrétions endocriniennes
- alimentation
- conditions atmosphériques
- modes de vie
- hygiène locale…
Ce que nous vous avons dit au sujet des différents types de peau vous donne une idée de leur diversité et des difficultés qui surgissent lorsqu’on essaie de les classer d’une manière rationnelle, d’après leur aspect ou d’après leurs qualités, ou bien encore d’après leurs troubles.
Mais quel que soit le groupe dans lequel on classe la peau adulte il est un phénomène qui est commun à tous les types : c’est leur vieillissement.
A partir de quel âge la peau commence-t-elle à vieillir ?
Il est impossible de répondre à cette question :
- Il y a des sujets qui conservent la peau jeune jusqu’à âge avancé
- il y en a d’autres qui à 35 ans ont la peau prématurément vieillie
- on peut même voir dans les services hospitaliers des nourrissons, atteints de déshydratation, qui ressemblent à des petits vieillards et dont la peau :
- terne
- flasque
- ridée
- présente les signes caractéristiques du vieillissement
Que faut-il entendre exactement par peau vieillie ?
Il n’est point besoin d’être « spécialiste » pour se rendre compte si une peau est jeune ou vieille ; mais le « spécialiste » doit savoir quelles sont les altérations qui s’étant manifestées à l’intérieur des tissus donnent à la peau âgées son aspect particulier, s’il veut comprendre comment et pourquoi les techniques esthétiques peuvent intervenir pour améliorer cet aspect.
La peau sénile
Nous avons été frappés par la clarté de la concision avec lesquelles un grand dermatologiste, G.Thibierge, décrivait en 1900 la peau sénile.
Puisque la description de Thibierge vous permettra de saisir aisément tout ce qui différencie la peau âgée de la peau jeune, nous la reproduisons intégralement ci-dessous.
« Les modifications qui caractérisent la peau sénile revêtent une intensité variable est débutent à un âge variable suivant l’état de santé générale des sujets, suivant l’état de leurs artères, suivant aussi les soins qu’ils prennent d’eux-mêmes.
Ces modifications du tégument varient quelque peu dans leur apparence extérieure, suivant les régions.
D’une façon générale, la peau des vieillards a cessé d’être lisse et tendue comme celle des sujets jeunes : au visage, des rides plus ou moins apparentes ; aux membres et au tronc, des plis superficiels et qui parfois semblent uniquement épidermiques la parcourent en sens divers ; elle est flasque, pend et plis irréguliers sur les parties charnues des membres et du tronc.
Ces modification sont dues pour une part à la disparition du pannicule adipeux sou-cutané ; mais, en outre, le derme lui-même est atrophié : il est facile de s’en rendre compte sur les doigts et sur le dos des mains. Il a de plus perdu une partie de son élasticité ; le plus faits à la peau ne s’effacent que lentement.
La peau du vieillard est plus ou moins rugueuse ; l’épiderme s’y soulève par place en squames d’étendue variable ; sur le dos des mains, il rappelle parfois l’aspect de la pellagre.
L’absence ou la perversion des sécrétions cutanées prennent une part importante à ces modifications ; des productions plus ou moins saillantes, désignées sous le nom de verrues séborrhéiques séniles, contribuent à la rendre plus irrégulière encore.
La coloration de la peau sénile est souvent jaunâtre, parfois brunâtre, rarement uniforme ; elle est parfois parsemée de taches blanches, de forme irrégulière et d’étendue variable, au niveau desquelles il existe une véritable dépigmentation.
Les modifications de la peau qui aboutissent à lui donner les caractères de la peau sénile consistent en une atrophie de ses différentes parties constituantes avec tendance à la sclérose du derme.
Les papilles sont aplaties ; les lacunes du tissu conjonctif dermique ont moins prononcées qu’à l’état normal.
Les altérations les plus remarquables portent sur les fibres élastiques du derme, qui sont fendillées, brisées, réduites par laces en granulations isolées.
Les fibres musculaires lisses sont atrophiées et granuleuses.
Les artérioles dermiques sont athéromateuses et leur calibre est diminué, tandis que les veinules sont souvent dilatées dans le tissu cellulaire hypodermique ; les éléments graisseux sont atrophiés ou même ont complètement disparus.
Les follicules pileux sont atrophiés ; les glandes sébacées sont généralement atrophiées ; les glandes sudoripares sont relativement peu altérées. Quant à l’épiderme, il présente un amincissement de la couche granuleuse, un amincissement de la couche malpighienne, dont les cellules profondes sont, ainsi que celles de la couche basale, le siège d’une pigmentation assez prononcée ».
Cette description est suffisamment claire pour ne pas exiger des explications complémentaires.
Toutefois, posons-nous encore quelques questions.
Pourquoi la peau du vieillard perd-elle sa souplesse et devient-elle mince et sèche ?
- parce que la couche cornée devient plus épiasse et durcit à la suite d’une évolution plus marquée du phénomène de la kératinisation
- parce que l’épiderme s’amincit et la couche germinative, tout en continuant à avoir une certaine activité, « n’assure plus suffisamment la relève »
- parce qu’elle n’est plus suffisamment lubrifiée et protégée par la sécrétion sébacée, amoindrie en quantité et, surtout, en qualité
Le taux de cholestérol, qui joue un rôle si important dans l’équilibre hydrique de la peau, diminue sensiblement dans le sébum sécrété par la peau âgée.
il est de 10 % chez l’enfant, de 3% chez l’adulte et bien plus bas chez le vieillard.
Pourquoi la peau du vieillard se déforme, les traits du visage se modifient et les rides apparaissent ?
- parce que le tissu dermique se dégénère et s’atrophie en même temps que le pannicule adipeux s’altère et diminue d’épaisseur
- parce que le réseau élastique du derme devient lâche et les fibres élastiques perdent toutes leurs propriétés élastiques
- parce que l’épiderme et le derme se déshydratent, le collagène et la substance fondamentale parvenant difficilement à retenir l’eau
- parce que le pigment mélanique ne parvient plus à se répandre uniformément ; il s’accumule même d’une manière « anarchique » en certains points donnant naissance aux « verrues séniles » et aux « kératoses séniles ».
- parce qu’elle devient extrêmement sensible à la lumière solaire par perte des substances photo-sensibilisatrices
Pourquoi la peau vieillit-elle ?
Ce n’est pas nous qui pourrons répondre, hélas, à la question que tous les hommes et tous les chercheurs se posent depuis des millénaires.
Les travaux de recherche sur le processus du vieillissement cutané progressent et aboutiront sûrement à un résultat positif.